Tempête n'est pas ton nom

Publié le par Khalil Diallo

Je suis l'esprit vivant au sein des choses mortes.

Victor Hugo, abîme, in la légende des siècles

Tempête n’est pas ton nom

Mais ce qui éclaire ton visage

Quand l’esprit vogue jusqu’à toi...

 

 

Ô mer, qu’as-tu fait au Ciel ?

Azur, fidèle compagnon que pleures-tu ?

Aurais-tu contenu tes larmes-pluie

Que vivrait encore Abdou !

 

Je t’ai revu plusieurs fois

Tes yeux-phares se sont gravés sur mes paupières

Abdou, frère égaré au large de la Méditerranée

Naufragé guidant ma barque lors des nuits de fièvre

Longues nuits d’errance, de larmes et de peur

 

Le ciel pleurait, la mer envoyait ses vagues

Bras géants pour l’étreindre et le calmer

De ses millions de dents qu’il montrait

Ému, émanait fulgurance d’espoir

Tandis que colonnes d’eau

Hautes comme dix bâtiments

Ferraient ton corps…

Abdou !

 

Éclaboussant de l’encre noire du deuil

Cette soirée d’orage,

Comme les machettes Utus

Du sang des victimes sur la terre mère

 

Elle t’a enlevé Abdou

Noble fils d’Afrique

Pour ancrer ce soir à la tristesse populaire

Fixer tes yeux noirs au bleu de la mer

Aux rivages pleins d’Espoir de Lampedusa

 

Ce soir, le ciel pleure

Ses larmes sont blanches

 

Le pays que tu ne verras jamais

Te pleure

Et un vent tiède chante

Abdou le prince du Walo

Fils des Bracks que loue

Le vent

Chaque dimanche

À l’heure où les jinns

Quittent Gorée pour

Nager dans l’océan

 

Tempête n’est pas ton nom

Mais ce qui éclaire ton visage

Qui illumine les côtes et la mer

Et ton nom ce que souffle le vent

A l’oreille des naufragés : Abdou Khadre !

Parce que Abdou Khadre vivra toujours 

Pour que tous se rappellent les oubliés

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